• Quant l’obéissance devient impossible. Emmanuelle K. Le Krill Editeur/Editions de la Différence. 4 recueils (I Vertige de l’écart, II Les brutes, III L’indépendance du sourire, IV Les chemins du désir). 18 euros.

    Paru dans Pages Insulaires 2009

     Qu’il est réjouissant, et réconfortant, de lire Emmanuelle K. en ces temps de fadaises mollasonnes, de (con)sensualité bien-pensante, de postures faussement rebelles, et de tiédeur de la pensée calibrée et médiatique !

    Oui, assurément, quel bonheur de rencontrer une pensée libre et une écriture forte, une telle subtilité de ressenti et une telle exigence ! Du souffle -pas du vent-, du feu, du vrai, de la lave, et du corps. Une présence qui n’a pas froid aux yeux, ni aux mots. Même pas peur. Face au règne de l’ersatz brille, par intermittence, /la lueur aveuglante plantée/dans le cerveau des fous.

    Série noire en quatre volumes : quatre recueils à couverture noire réunis ans un étui cartonné noir, lettres rouges. Effet stendhalien facile ? Non, car les temps sont effectivement assez noirs, et la révolte s’écrit encore en rouge. L’ordre de ce monde ? Quelle farce !/Discipline, embrigadement, soumission/aliénation du plus grand nombre.

    Emmanuelle K porte en elle un torrent, un fleuve en crue, un geyser Elle a écrit là un poème symphonique en quatre mouvements, avec cuivres et percussions. Une tragédie en quatre actes. Lecteurs frileux s’abstenir ! (mais il n’y en pas à Pages Insulaires, n’est-ce pas ?)

    Notre monde va mal, ce n’est pas une découverte, et ça ne va pas en s’arrangeant, semble-t-il. Alors il faut savoir dire non. Non merci, mais vraiment non. Le pouvoir, l’argent, l’homme marchandise, non. Arracher la perfusion d’anesthésiant, parce que ça va bien comme ça. Faire un pas de côté/C’est urgent/Car il s’agit de l’être/et l’être est désirable.

    Qu’on ne vienne pas parler de sympathique naïveté et de douces illusions.Sait-on de quoi est capable la colère ? Ma vie, je l’ai volée./D’abord par nécessité, ensuite par pur plaisir./ Je ne me déguise pas en artiste./ Je suis nue, armée de désir et compte tenir longtemps.

    Retrouver des espaces de pensée, de parole et d’écriture. De liberté, allons-y. De survie, tout simplement. Les mots d’Emmanuelle K. ouvrent la marche dans cette direction. Avec de grand pas généreux, et excessifs, forcément. De grands pas nécessaires pour ne pas finir lobotomisé. Petit manuel de résistance pour les jours d’aujourd’hui. Démesurément, j’ai imaginé l’autre et forcé la vie.

    La voix de l’auteur sait aussi s’infléchir, murmurer. Car s’il y a le monde, il y a aussi la vie. La sienne, qui ressemble un peu à la nôtre. Amours regards absences, les doutes et tout ce qui s’ensuit. Et parfois, on est heureux. Mais si, ça arrive. Et Emmanuelle K est un poète. Cela fait beaucoup de bonnes raisons de la lire. Ne vous en privez surtout pas.


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