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sans rien de fixe
au creux des cartons la ville
inhospitalière
la chute étoile
égarée
solitudes dispersées côte à côte et
la terre
misère
miserere
misère errer
lisière
ensemble ils rient
ensemble ils boivent
ensemble ils parlent
ensemble ils dansent
et moi au bord
de rire avec eux
de boire avec eux
de parler avec eux
de danser avec eux
au bord
juste
au bord
presqu’île
des visages des livres des amours des enfants des musiques des joies des voyages des regrets des fêtes des aveux des jardins des heures à écouter glisser les nuages des secrets des chansons allers-retours entre le monde qui bat qui roule qui tourne comme il peut et le creux du cœur qui parfois désire être
seul
exil
la nuit est verte la nuit est sombre qu’emporte-t-on en exil ? des musiques des nostalgies zal saudade sehnsucht des nourritures qui n’existent pas ailleurs ici la terre ne donne pas le même blé pour le pain ni le même bois pour les violons peux-tu comprendre ?
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(...)
des anges des obélisques des fontaines des bus des vitrines des terrasses de café des éclats de temple des églises des kiosques à journaux des marchands de glace chewing gum bibite gelati hot pizza & tous ces affairements de la ville sous nos yeux frémissante pressée dans sa course sur les plis du temps
l’appartement loué on s’y invente à toute allure des habitudes une intimité de menus rites comme si depuis toujours apprivoiser le gaz l’eau chaude pour la douche l’orientation des lampes déjà des livres au pied du lit et la météo sur Rai Uno en musique de fond déjà la drogheria repérée au bout de la rue déjà le café-couloir juste en bas adopté & comment savoir ce qui va se jouer au tiède de cette chambre ?
je comprends les hommes je comprends qu’ils soient fous du corps des femmes moi je suis folle de celui de Paolina princessa Borghese folle à trembler je trouve qu’elle est trop belle maintenant on ne peut plus la toucher en photo peut-être ça l’abîme ou c’est plus intéressant de vendre à la sortie des cartes postales des stylos des carnets des trucs à coller sur le frigo quand j’en suis tombée amoureuse il y a longtemps on pouvait photographier d’habitude je trouve ça bête mais là j’étais bien contente de l’apprivoiser avec mes yeux à moi dans mon boîtier à moi tourner autour et chercher l’angle la lumière j’aurais voulu faire sortir tout le monde et rester seule avec elle je sais c’est grave mais c’est comme ça regardez là ma Paolina en marbre blanc sur sa méridienne Vénus victorieuse la pomme de Pâris au bout des doigts négligente vous ne tremblez pas ? on raconte que dans sa vie elle était légère très légère et qu’elle aimait les costauds les gars musclés donnante prodigue ses bijoux et tout le reste pas très drôle sa vie en fait ma que bella troppo bella bellissima
mille pattes lentement ondulant et bien patient en sac à dos parlant Babel l’attente est longue mais guère d’autre solution pour voir la merveille plafond la sistina est au bout de la route courage camarade
un parfum entêtant des fleurs blanches du troène je crois dans un jardin près de la via della Navicella mais je ne sais plus si c’était dans ce voyage
porta Portese on y vend les vieilles choses celles dont on ne sait que faire et des neuves aussi tableaux vaisselle livres bergères en porcelaine tabatières disques chandeliers guéridons miroirs vêtements bicyclettes valises parapluies porte-clés plantes vertes chaussures boucles d’oreille bracelets casquettes grille-pain serviettes de plage tapis ceintures et crèmes de beauté ordinateurs petits trafics & brocanteuses antiquailles c’est dimanche on a tout le temps de jouer les orpailleurs
viaggio viaggiatore voyage voyageur Reise travel trip viaje viagem si seulement je savais pourquoi cet amour des langues comme chansons c’est entrer en territoires secrets interdits & chercher une clé
il joue les flots du Danube à l’accordéon rengaine à trois temps valsante et maintenant j’ai ça dans la tête pendant la balade au Capitole entre les morceaux d’empereur en marbre en fait j’aime bien cet air de boîte à musique flonflon tsointsoin et grazie per la musica signore signori m’emportent les flots du Danube loin d’ici autre rives et histoires de la forêt viennoise traversée en voiture en nuit noire à frémir Meyerling pavillon de chasse très mauvaise idée pour un rendez-vous et cet hôtel perdu impossible à trouver et un vieux lied qui déboule en mémoire Vater mein Vater hörst Du mich nicht ? et à la fin l’enfant était mort mais je m’égare ici les glycines mauves sur l’ambre des murs et main dans la main à regarder les statues pièces détachées il n’y a aucune raison d’avoir peur mais ça titube parfois dans les souvenirs je n’y peux rien
entre les ocres dériver vaguer voguer & dériver encore
un mercure ailé en pleine course saisi au vol dans le bronze & autour les pins parasols et un peu partout le bavardage des fontaines ô temps suspends etc…c’est un endroit pour se raconter ce genre de choses mais pas trop fort ça ne regarde personne
souvenirs/enregistrer sous/fichiers temporaires & nos mémoires vives dans la joie de s’attarder sans rien attendre avec tout cet incertain à déchiffrer qu’on en viendra jamais à bout ça c’est certain et parfois savoir aimer ce qui demeure obscur (...)
(Photos Gaëlle Josse)
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Parterre Verbal, anthologie juin 2009 (extraits)
aperçus avant impression
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j'ai écrit sur un post-it couleur de framboise chimique quelque chose d'important à faire ce matin je me demande bien quoi c'était donc utile de l'écrire mais je l'ai perdu les enfants disent j’ai une mémoire de poisson inférieure ou égale à trois secondes sincèrement il y a des moments j’aimerais bien
incertain kaléidoscope et oscillations multiples ô vie funambuleuse
et toi petit cheval galopeur frémissant oreilles dressées qu'un rien effraie où vas tu à courir comme ça sur les nervures du temps?
le sourire tremble dès le matin il faudrait du café chaud & du silence ne pas prendre la voiture mais ce n'est pas toujours possible
ce qui se joue dans le clos cette chambre auprès d‘un prénom oublié plus oublié que la couleur du papier de la chambre
ne pas lire nuit gravement à la santé je mourrai d'autre chose alors
écrire un poème en lambeaux ce matin et pas de fleurs dedans
certains jours je suis de verre & j'ai peur de tomber finir avec les balayures
des désirs fous du soft du light du poétique mais la vie n'est ni soft ni light et poétique pas toujours raison de plus pour s'accrocher à la page blanche même si ça ne sert à rien il y a tant de choses qui ne servent à rien & c'est même tout ce qui est intéressant
remballer la journée soigneusement dans les plis du matin/l'abandonner froissée sur un banc ça dépend des jours
des impatiences des abandons qui traversent violents comme des désirs des désirs à l’envers
nos pensées en vrac les belles les pas belles les très moches & nous appliqués à danser nos petits menuets pas toujours si gracieux
ces voix jaillissantes pour dire la joie dans cette cantate de Bach d'un coup tout va bien
glissements dérapages embardées conduite dangereuse difficile de faire autrement le temps d'apprendre comme disait l'autre & petits vacillements toujours
aperçu avant impression juste aperçu quelques impressions
certain jours on préfère s’asseoir dans les angles bien au fond tassé dans les coins de préférence et pas question de sortir admirer le paysage/ répondre aux questions vous allez bien ? c’est comme ça
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L’écho et le chant<o:p></o:p>
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Les abandons
que nos pas ont dessiné
tracent une courbe légère
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comment atteindre leur insaisissable parole
qui continue à brûler ?
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Pris dans les glaces d’une partie d’échecs solitaire
d’où vient cette envie de s’asseoir
ne plus rien vouloir d’impossible Tout est bien peut-être ?
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Tracer encore quelques cercles apprivoiser cette lueur
Accueillir S’effacer
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L’oubli posé
au bord de la route
protège des regrets
ils disparaissent avec le vent
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Longtemps les morsures initiales
brûleront
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s’asseoir et jouer
un nocturne apaisé
qui étonne le silence
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<o:p></o:p>
il approche
ce qui demeure
impossible à dire
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L’épreuve dérange
elle nous fait pèlerin
sans foyer
vêtu de craintes et de clous
<o:p></o:p>
sous la cendre
une clarté cherche à grandir
elle nous sauvera si
rien ne vient l’éteindre
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Une effervescence ailéedessine sous les nuages
une trajectoire inattendue
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fugace
le déferlement a disparu
le tournoiement s’est enfui ailleurs
s’évaporer encore
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Des pensées qui brûlent comme des désirs<o:p></o:p>
Abritent ce chant qui exulte dans le jour<o:p></o:p>
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S’enfuit la part dissonante du présent<o:p></o:p>
Le bruit n’a plus d’importance
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trace
une légende victorieuse
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Empreinte lisse et grave
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Mouvement de brumes
secrètes
abritées par la nuit
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Un départ matinal offre un signe vivant
à la terre
elle écoute
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Cette note grave.
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Le labyrinthe oublié
s’est ouvert
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Comme une montagne
Blessée
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Ecouter
le jardin sous la neige
Son rayonnement
caresse le ciel
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Une éclaircie écorche la nuit
d’où le feu s’est enfui
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Une présence claire
Joue dans les traces
D’un feu abandonné
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