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Bois flottants
Textes : Gaëlle Josse, dessins : Véronique Soriano
Paru dans la revue N4728, n°18, juin 2010
1
les yeux fermés Ipod
aux doigts
mais quelles musiques écoutent donc
les gens ?
c’est secret comme
une prière
les voix qui nous consolent
et
nous
nus à l’os
2
quand on dit c’est la vie
il y a un embarras une épine un caillou misère
un dérapage quelque
inattendu
coup de vent sur la tour Eiffel en allumettes
& les soupirs qui vont avec
et nos mains
qui n’ont pas de prise
3
assise
au milieu
des jours glissants
jachère incertaine
très
recommencer ?
4
face à face avec l’écran
miroir
yeux brûlés
une tasse vide un reste de tartine
& les mots dans leur lent sédiment
la voix se pose mais
il est tard
on verra
demain/enregistrer les modifications ?
5
pensées passantes
images déroulantes
projections privées
tant antérieures
demeurent
au ventre à la peau
ligature au sang
6
si peu de place pour déplier
le regard la ville
multiplie ses verticales empilages
plafonds/corps/meubles/objets et le reste
le peu de place qui demeure pour
nos pensées
bois flottants au fil
de nos cours d’eaux intérieurs
leurs affluents inapprivoisés
7
on habite une langue
une
poignée de mots
qui sans cesse reviennent
nos océans
8
c’est gris c’est bureau
c’est train c’est métro
et je ne suis sûre de rien
désir d’une voix cicatrisante
9
les pierres ont veillé des siècles
de prière
murmures reçus bouches tremblantes
mots en dépôt
que le vent emmène
qui que vous soyez pitié
pitié du cœur désaccordé
des hommes
je cherche un lieu un arbre
une pierre
où poser ce qui me transperce
10
veiller
le jour habiter
la page
embranchements allers venues retours ratures fausses
routes
entre quelques esquives
et déjà entre chien et loup
11
dissoudre la fatigue n’ai pas trouvé
la recette
dormir ?
impatience d’un lendemain
habitable
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Poésie à l’école : les enfants au cœur de l’écriture
Ecole primaire Louis de Broglie, Dieppe, classe de CE1
Depuis de nombreuses années déjà, Jean-Marc Couvé, lui même poète, écrivain, peintre dessinateur (faut-il encore le présenter ?)…et instit, invite la poésie dans sa classe. Jusque là, du classique. Ce qui l’est un peu moins, c’est qu’il y invite aussi des poètes, -vivants, qui bougent et s’agitent- en initiant un projet autour d’un ensemble de leurs textes qu’il sélectionne, prolongé par un travail d’écriture des enfants, puis d’une rencontre assortie d’une correspondance avec l’auteur en question.
C’est ainsi qu’après Jean L’Anselme, JC Tardif, Werner Lambersy, JC Touzeil, Claudine Bohl, Jean-Michel Bongiraud, Cathy Garcia pour ne citer qu’eux, j’ai eu le privilège d’être l’auteur « étudié » et invité ce mois de mai 2010. Parmi onze textes extraits de différents recueils, rassemblés sur une grande page, jugés par Jean-Marc « accessibles », mais nullement écrits a priori pour un public enfantin, les enfants en ont choisi un. Ils l’ont recopié et illustré dans leur cahier de poésie où l’on trouve, au fil des pages, des lettres, personnelles ou collectives, des petits mots ou dessins des autres poètes attestant de la richesse et de la spontanéité de ces échanges.
Après les présentations, les questions un peu timides, récitation à l’auteur de ses textes. Les plus intimidés ne sont pas forcément ceux qu’on croit… Ensuite, autour de l’imaginaire et du rythme suggérés par le poème choisi, les enfants sont invités à écrire à leur tour. Instit et auteur passent de l’un à l’autre. Fin de séquence, l’après midi est bien avancé. D’ici deux semaines environ, les enfants m’enverront par la poste leurs textes finis, mis « au propre » et illustrés, et leurs petits mots s’ils le souhaitent. Ce sera mon tour de leur écrire…
Dans le train qui me ramenait le soir à Paris, je me demandais ce qui pourrait bien rester aux enfants de tels moments, microscopiques îlots dans leurs vies, quand dans quelques années Facebook aura fini de dévorer tout leur temps libre. Pas grand chose, rien peut-être. Mais peut-être aussi le désir, le goût des mots. Il suffit de lire par-dessus leur épaule quelques-uns de ces textes pour y trouver la grâce ou la vérité d’une image, l’aveu d’une sensibilité vive, le sens des sonorités… Ce serait dommage que tout cela ne trouve pas à naître. Si nous pouvons être les passeurs, -les entr’ouvreurs ?- c’est déjà beaucoup.
Merci, un grand merci à tous les enfants, dont je reproduis ici quelques dessins (j'aurais voulu les mettre tous !) en résonance des quatre textes qu'ils avaient choisi : Adam, Albane, Chloé, Jeanne, Jérémy, Martin, Orlane, Ornella, Zekya, et aussi Eve, Robin, Jade, Enzo, Océane, Kizzy, Melvyn, Bryan, Alexis, Sophia, Michaël, Séréna et Luis…et merci à Jean-Marc de m’avoir associée à ce magnifique projet.
Les abeilles s’emparent sans trace
du cœur des fleurs
il est temps de se rêver nomade délivrée
remplie d’errance
réconciliée
n’appartenir qu’au chemin marcher à
se perdre se retrouver dans l’éblouissement
poursuite du soleil
sourire
à l’instant parfait
où jeter nos filets
…. hors de portée des étoiles que craignons nous ? qu’un éclat nous parvienne et nous fasse trembler ? nous sommes trop loin de la mer il reste les vagues celles des jours qui tanguent roulent mais la mer demeure et son ciel où jeter nos filets
la silente
n’être qu’une silente façonnée de lenteur & de silence on parle trop -si peu- on craint le silence comme une foudre à la hâte il faut l’occuper
le distraire l’étouffer il pourrait nous surprendre on va si vite pour se rendre nulle part voies infinies d’une fugue à jamais inachevée
il arrive que les arbres parlent
la nuit palabres sans fin
les branches à trembler et
à l’unisson les bêtes errantes
répondent
la lune
dans les yeux
il arrive que les arbres crient
la nuit histoires de chemins
perdus d’oiseaux
de nuit
herbes racines écorces mêlées & la danse des korrigans
sur un cercle invisible
il arrive que les arbres chantent
la nuit dressés tendus
obstinés
à psalmodier des litanies
obscures
antiennes secrètes &
dans l’ombre en guettent
l’écho
il arrive que les arbres rêvent
la nuit ils rêvent
du jour à venir
d’un ciel vif
de lacs endormis
transparents
il arrive que les arbres dorment
la nuit c’est le silence
un silence cristal
dénudé léger
comme une abeille &
ils l’offrent
à
celui qui passe
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Par gaellejosse dans note sur 3 Encres vives : B.Libert, Tra-Minh-Tu, Danjou le 21 Avril 2010 à 10:28
Avec, de Béatrice Libert
Revers d’encre, de Régine Ha-Minh-Tu
Blanc aux murs rouges, de Chantal Danjou
Chez Encres vives, 16p, 6,10 euros
Oui, je sais, trois femmes, et même pas fait exprès ! Cela dit, ce printemps est « couleur femme », paraît-il. Quoi qu’on puisse penser de ce choix de « sexuer » la poésie, voici trois recueils qui n’ont pas besoin de cet alibi pour exister.
Avec, nous dit Béatrice Libert. Avec, mais sans, et c’est là l’originalité de cet ensemble, car l’œuvre plastique dans laquelle le texte prend sa source ne nous est pas montrée. Exercice délicat, qui pose à sa façon la question du rapport et de la place de l’écrit par rapport à un tableau, un dessin, une sculpture, une photo. Pas d’illustration ici, ni de face à face, ni d’à côté. Vibration, réminiscence. C’est tout. Les textes vivent seuls ici, séparés de l’objet primordial. La deuxième voix devient voix principale, parlant en tant que, et seule à dire.
Il appartient au lecteur, s’il le souhaite, de faire appel à sa mémoire, ou sa curiosité, pour retrouver l’objet dérobé à la vue. Bram Bogart, Robert Delaunay, Van Gogh et d’autres moins connus. C’est sans importance. L’imaginaire sollicité par le regard prend son envol et nous offre des textes somptueux. Une aile bat/J’épouse le temps qu’il fait/dit l’ange/à l’aube de toute aube, ouQui perd trace/ De son rêve/Perd sa racine. Et encore : Chaleur poignard/Odeur du blé que meule/le cri jaune du ciel. CarBéatrice Libert peint des poèmes, le saviez-vous ?
Avec ses Revers d’encre, Régine Ha-Minh-Tu nous propose une rare qualité de silence, accompagnée d’une extrême attention aux choses. Présence discrète, en retrait, en creux, qui s’efface pour accueillir ce qui se présente à son regard. Saisir l’instant dans le moi passager, dit-elle. Un art poétiquequi se déploie tout au long de ces pages. Attention, l’arrêt sur image est trompeur, car rien n’est figé par –ou dans- les mots, les images sont animées des plus subtils frémissements. Un train lointain suit le retrait du jour.
Quelques maisons dans un village, et ces poèmes du feu de la St Jean : les choses devinées derrière les choses…l’ombre des arbres change à chaque instant. La sérénité n’est que de surface, les questionnements affleurent. Sans insister. L’auteure allie légèreté et profondeur, vision horizontale et verticale. L’horizon et le fil à plomb. La vue d’ensemble et le détail auquel l’œil s’attache. Ecouter le monde, l’accueillir. J’allume une bougie pour moi, pour un lien/dans le questionnement du geste. Présence. Très belle présence, que celle de Régine Ha-Minh-Tu.
Chantal Danjou, dans Blanc aux murs rouges, évoque une page de vie dans un ailleurs au delà de la Méditerranée. Rien de pittoresque ni d’anecdotique, le trait est épuré au possible, la trace légère comme un souffle ou un pas d’oiseau. Marrakech. Trop vue, trop photographiée, trop écrite, trop racontée, usée, prostituée par un désolant tourisme de masse. Comment écrire encore sur Marrakech ? La réponse est simple : avec poésie, et avec talent. Avec beaucoup d’amour et un regard décanté.
Le voyage de Chantal Danjou est intériorisé, elle a la main légère et le geste souple. Et les murs tremblent/et les portes disparaissent/chevaux chevaux/fermés sur le secret/de la caravane. Décanté ne signifie pas désincarné. Tout passe par le filtre de la juste sensation, transformée en esquisse dans l’athanor du poète. Ainsi demeure le mystère. Oiseau /sur marbre/absence suspendue/entre /bec/et vasque. Ce qui reste, une fois le carnet de voyage refermé. Revivre, les yeux fermés. Ouvrir les yeux. Poser les mots sur la page. Feuille rouge/autre réduction/d’une barque tirée/haut sur le sable. La poésie est là.
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Marge, de Béatrice Machet, Interventions à haute voix, 72p, 10 euros
(paru dans Pages Insulaires mars 2010)
C’est un petit livre grave. Beau et grave. Construit autour d’un simple mot qui lui offre son titre, exploré dans tous ses possibles. La marge, source, question, lieu, et puits sans fond. Le cours des jours et ce qui s’écrit « à côté de ». Car où se joue l’essentiel, sinon loin des évidences et des lumières trop vives ? Ce qui fait sens passe souvent au large des grands chemins.
La marge est mystère, et révélation. Pour un peu d’évidence/écouter un appel à voguer là où parlent sans dire/pierres et vents/pluies et soleil/là où cessent les tragédies et les comédies.
Les mots, -ou le peu de mots- de Béatrice Machet sont semés là sur la page, posés comme des pierres dans le désert. Il reste beaucoup de blanc sur les pages. Beaucoup d’air. De silence. D’échos. D’écoute, d’attention à ce qui ce passe au vif de nos vies.
Les mots semblent se guetter, s’attendre, s’étirer, on croit parfois atteindre la plus grande abstraction, et soudain la vie est là. Débarque, s’impose. Les mains recueillent le murmure du monde. La marge est un abri ? Non, il n’y pas d’abri possible, si ce n’est dans l’illusion. Comme si/soustraction ou/addition s’acheminaient vers un/même résultat : la marge.
La marge accueille les questions essentielles, elle laisse parfois entrevoir une réponse. Mais non, il n’y a pas de réponse. Il y a du vent, des éblouissements, des quêtes, des fuites, des rencontres, du temps qui file, l’océan, et quelques îles. Quelques mots pour poser ce qui échappe au chaos. L’indifférence…et pourtant du semblable y circule.
Un vieux chant indien parle d’un tourbillon de vent et d’une rencontre. Et la vie rassemblerait toutes les expériences du sablier/un menu bourdonnement où fluide et tout en souplesse/la maturité se file. Et tout s’effacera, forcément. Il restera les grands espaces et les énergies de la terre. Et ce qu’on aura écrit dans les marges. Peut-être.
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«T’es où là ?», «c’est bon» et «c’est quoi ?»
J’ai mal aux mots
ou
Quelques réflexions autour de l’appauvrissement du langage
(paru dans Pages Insulaires mars 2010)
J’entends parler. J’écoute parler. Dans la rue, dans les cafés, dans les trains, dans le métro. Partout. Les mots m’arrivent aux oreilles sans me demander mon avis. Et ça finit par me faire réfléchir, car ce que j’entends m’interroge de plus en plus.
Constats : le champ lexical semble se rétrécir, s’amenuiser au profit d’un vocabulaire limité à quelques mots exploitables en toutes circonstances.
Ainsi, « c’est bon » ne concerne pas exclusivement les qualités gustatives d’un aliment ou une sensation agréable, mais signifie quantité de choses : c’est bien, c’est correct, c’est exact, je suis d’accord, parlons d’autre chose, j’ai déjà réglé les cafés, on y va, je suis prêt, tu te grouilles, tu commences à m’énerver et bien d’autres choses probablement. Question d’intonation et de lecture contextuelle.
De même, « quoi » a tendance à remplacer « qui » et « que », relégués aux catacombes du langage. Inquiétante réification, tout de même, avec ce « quoi » omniprésent, généralement lancé au visage avec la grâce d’un crachat.
Il s’agirait là d’un «parler-ado», élément constitutif d’un code identitaire en opposition à celui des adultes, qui durera ce que durent les roses, disent les optimistes. Non, désolée. Les mots et expressions « tendance », nées d’un film, d’une chanson, d’une séquence de télévision se périment en quelques mois, et honte à celui qui exhiberait, croyant faire djeun et fashion, un mot déjà hors d’usage (la tehon, quoi, y fait trop pitié lui).
C’est plus grave que cela, je le crains. La libre circulation des mots est une nécessité, car une langue est avant tout un lieu de vie. Mais l’appauvrissement concerne aussi, et c’est cela qui me chagrine le plus, la structure même du langage. Nos chers ados dont les emblèmes de rébellion se résument, pour beaucoup, à «MacDo, Iphone, écran plasma et lunettes Gucci » n’en ont hélas pas l’exclusivité.
Ainsi, la tournure interrogative tend à disparaître. Gain de temps appréciable peut-être, mais grande paresse avant tout. Facilité et paresse intellectuelle devant l’effort de structurer une phrase. « T’es où, tu dis quoi, tu veux quoi, tu vas où, c’est qui, c’est qui qui et c’est qui qu’a…» en constituent un pénible florilège.
Beau ou pas beau n’est pas la question. Il existe une esthétique du langage, ce n’est pas cela qui m’intéresse. La langue de Huysmans ne me touche pas, dans ses volutes tarabiscotées comme des fleurs de serre. Pas assez de terre, pas assez de chair à mon goût.
Penser avec cinquante mots ?
Ce qui est jeu, c’est la faculté de questionnement, l’appréhension du monde, de l’autre. Parler avec cinquante mots, c’est penser avec cinquante mots, c’est percevoir le monde et la relation à autrui avec la même pauvreté, la même absence de nuances.
Bon, pas bon. Gagné, perdu. Un, zéro. C’est aussi se condamner à demeurer dans une terrifiante logique binaire. La nuance verbale n’est pas un art de salon, elle permet l’exploration de nos perceptions et de notre raisonnement. Leur remise en cause, leur évolution, leur partage.
Ce qui est en jeu, c’est la prise de conscience, la capacité à s’opposer, à construire un raisonnement, à proposer une alternative, ou simplement à éprouver plaisir ou agrément de façon plurielle. Sans parler du goût pour la lecture, c’est un débat qui nous conduirait très loin…
Ce qui est en jeu, c’est tout simplement la qualité et la richesse du lien à la vie.
Et quand on n’a plus de mots, qu’on ne sait pas dire, comment ne pas en venir aux mains ? La pauvreté en mots porte en elle tous les germes de la violence. Qui dit violence dit victimes, parce qu’il y en a toujours un qui frappe plus fort et plus vite que l’autre, et un qui n’a rien demandé.
Nous habitons une langue, ou bien c’est elle qui nous habite, elle est notre lieu commun, au sens propre. Si nous ne partageons pas, ou plus, ce lieu d’échange, comment nous entendre ?
Il y aurait beaucoup à dire aussi sur l’atterrante médiocrité entretenue par le langage publicitaire, qui nous traque sans trêve ni repos, sur le langage phonétique SMS utilisé avec les téléphones mobiles, les messageries instantanées et autres réseaux dits « sociaux » sur Internet. Encore un sujet qui mérite débat à lui seul.
Le pire n’est jamais certain, dit-on. Souhaitons alors que notre langue ne se transforme pas en kit de survie monobloc, façon « want-get-do », viatique exportable sous toutes les latitudes, et d’une parenté très lointaine avec l’Ulysse de Joyce.
Car la maîtrise du langage risque de devenir celle du pouvoir. Pouvoir de mentir, pouvoir de tromper, pouvoir de dominer. Triste rôle.
Ré-appropriation du langage, redécouverte du langage, exploration du langage, plaisir du langage : peut-être est-ce dans ces différentes dimensions que se trouve la place du poète, de l’écrivant en général, et cette place est dans la cité. Dédramatiser le langage, l’écriture, montrer que les mots se laissent apprivoiser, pour peu qu’on les aime. Semer le goût des mots. Parce qu’ils ont le goût de l’oxygène et de la liberté.
Il est infiniment souhaitable que notre langue reste un lieu ouvert. Je ne voudrais pas qu’elle devienne un lieu désert.
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