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NOS VIES DESACCORDEES DANS MADAME FIGARO
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Musique. Mais quelle musique ? La première d'entre elles, le commencement, la source ? Musique originelle, primordiale, d'avant toutes choses. Celle entendue avant toutes les autres, essentielle, parfaite, auprès de laquelle toutes les autres ne sont que des musiques.
L'Aria des Goldberg se fait entendre. Trente-deux mesures, un monde infini et clos. Chaque note tatouée, scarifiée, déposée dans la partie la plus archaïque de ma mémoire, chaque note comme une délivrance, une re-connaissance, une Atlantide ressurgie.
Une note grave interroge, une autre répond. Elle apaise une douleur. La main invente un miracle. Un monde s'est ouvert, il me faut le rejoindre, dès que possible. Trembler encore. Deviner, déjà, l'espace ténu entre souffrance et jouissance. L'Aria atteint des espaces inexplorés, jusqu'au mitan de forêts sombres qu'elle transperce de lumière.
Elle appelle les larmes et console les peines. Je suis au monde, gardienne d'un très ancien secret qu'elle murmure à ceux qui savent l'entendre : la musique est amour. Oui, amour, et rien d'autre.
fragment inédit