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Par gaellejosse le 27 Avril 2011 à 16:25
Paru dans Pages Insulaires avril 2011
Un jour d'exercice sur la terre. Christian Bulting. Gros Textes, 8 euros
La vie, sa vie, nos vies, et rien d'autre. Nos vies trépidantes, minuscules et fragiles, traversée de tout et de riens, d'humeurs, d'images, de couleurs, nos pas incertains ou triomphants, nos souvenirs rassurants ou contondants, nos rencontres douces ou bousculantes, les corps aimés, on se rencontre on fait jouir les corps on s'aime, les vies survolées, les avions qui nous emportent loin, les voyages où l'on ne rencontre que soi-même, la beauté des femmes entrevues, les carrefours bruyants et les landes désertes, les livres perdus et les musiques oubliées, la pulsation emballée de la ville, les solitudes désirées, les maisons de l'enfance, le sédiment des mots sur la page, les arbres et les ciels, les oiseaux et les ports....Des étoiles lointaines sous la voûte desquelles/le soir venu mes mains chantent l'homme nu.
Christian Bulting ne dresse pas d'inventaire, ne range rien dans ses armoires et ne colle pas d'étiquettes sur ses cartons. Passant du cosmos pour une goutte de temps, il évoque, accueille ce qui surgit à l'instant même. Il se souvient, il observe, il s'émeut, se désole, s'émerveille, s'encolère, et nous roule dans sa vague, dans sa déferlante d'humanité, ensemble si proche et si éloignée de la nôtre. Oui à la voix de l'ami qui chuchote au téléphone/sa lassitude de ce monde où le sens des mots s'évapore.
Nos yeux assez grands pour tout voir ? Nos mains assez larges pour tout saisir ? La page assez vaste pour tous les mots ? Nos cœurs assez généreux pour tout aimer ? Oui à la jupe bleue aperçue/en prenant de l'essence sous le crachin. Le blues et le mimosa, le miel de son odeur quand on ouvre sur le jardin, les hôtels déserts le dimanche après-midi et les mots chuchotés...Et tout cela déborde...Entends entends la musique du temps.
La poésie de Christian Bulting est souffle, rythme, sonorité, couleur. Intimité et immensité. Il faut lire ce « jour d'exercice sur la terre », et se laisser porter par le fleuve. Son fleuve. Le nôtre.
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