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Par gaellejosse le 18 Janvier 2010 à 11:31
"machine gun", de Jean-Christophe Belleveaux, éditions Potentille, 7 euros.
Paru dans Traction Brabant 2009
Encre sombre et tonalité grave, sans un mot de trop. Le geste d’écrire est tendu à se rompre, et va direct à l’essentiel. Perte de la mère, concrétions de voyage à l’exotisme démythifié, auxquelles se mêlent sédiments et alluvions du quotidien, d’ici ou d’ailleurs des soldats fatigués/se faufilent en noir & blanc/sur l’écran télé etje reviens, corsaire désœuvré,/jusqu’au salon. Et quand on aime, il faut partir, on le sait tu t’éloignes/de celle qui dort/à tes côtés qui t’aime encore.
Les périples de Jean-Christophe Belleveaux ne sont pas ceux d’un touriste, ni d’un conquérant. Va-t-il en revenir les mains un peu plus pleines ? Pas vraiment. Plus inspiré ? Pas forcément mes pensées boitent/avec mon écriture.Plus serein ? Encore moins quels secrets furtifs/ai-je cru débusquer/en des indes misérables/des afriques des tonkins ?
Comme la sueur, le questionnement colle à la peau, et ses allers-venues sur la planète ne font que creuser ce puits déraisonnable je bois la ciguë des questions etje demeure ignorant. Pas d’errance mélancolique, ni de vadrouille nonchalante, ni de poursuite d’un émoi esthétique.
Le face à face est brut, contondant, avec le bruit mat des réalités qui sautent au visage comme des grenades dégoupillées.
Il y a la peur, aussi. Pas la peine de jouer au héros. Elle est bien là, dévoreuse de foie, de tripes, de cœur. Et une foutue date qui vient se mêler à tout ça il y a tant de chagrin/dissimulé/ce mardi pluvieux.
Et il y son propre corps à supporter. Autre terre que mes mains témoignent/du peu de travail accompli/des caresses au bois des pontons/des échardes. Parfois, pas souvent, le jour s’éclaircit. Brève embellie. Esquisses de fraternité j’ai appris quelques mots d’une langue/étrangère : café/et/merci/j’ai retenu comment on disait café. Ebauches d’émerveillements. Croquis inachevés. Rives du Mékong/dans la torpeur opiumnique affalées/berges de Loire effondrées/magie brumeuses du Gange/dans l’acceptation des offrandes. Perdu le cahier, perdu le crayon. je m’échine/à tirer de mon ombre/un verbe récalcitrant.
La dernière ligne tombe comme une pierrela page est un nid dévasté. Violent, tout ça. Oui. Carrément. Mais on n’a jamais dit que la poésie, c’était juste pour faire joli.
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