• Poésie à l’école : les enfants au cœur de l’écriture

     Ecole primaire Louis de Broglie, Dieppe, classe de CE1 

    Depuis de nombreuses années déjà, Jean-Marc Couvé, lui même poète, écrivain, peintre dessinateur (faut-il encore le présenter ?)…et instit, invite la poésie dans sa classe. Jusque là, du classique. Ce qui l’est un peu moins, c’est qu’il y invite aussi des poètes, -vivants, qui bougent et s’agitent- en initiant un projet autour d’un ensemble de leurs textes qu’il sélectionne, prolongé par  un travail d’écriture des enfants, puis d’une rencontre assortie d’une correspondance avec l’auteur en question.

    C’est ainsi qu’après Jean L’Anselme, JC Tardif, Werner Lambersy, JC Touzeil, Claudine Bohl, Jean-Michel Bongiraud, Cathy Garcia pour ne citer qu’eux, j’ai eu le privilège d’être l’auteur « étudié » et invité ce mois de mai 2010. Parmi onze textes extraits de différents recueils, rassemblés sur une grande page, jugés par Jean-Marc « accessibles », mais nullement écrits a priori pour un public enfantin, les enfants en ont choisi un. Ils l’ont recopié et illustré dans leur cahier de poésie où l’on trouve, au fil des pages, des lettres, personnelles ou collectives, des petits mots ou dessins des autres poètes attestant de la richesse et de la spontanéité de ces échanges.

    Après les présentations, les questions un peu timides, récitation à l’auteur de ses textes. Les plus intimidés ne sont pas forcément ceux qu’on croit… Ensuite, autour de l’imaginaire et du rythme suggérés par le poème choisi, les enfants sont invités à écrire à leur tour. Instit et auteur passent de l’un à l’autre. Fin de séquence, l’après midi est bien avancé. D’ici deux semaines environ, les enfants m’enverront par la poste leurs textes finis, mis « au propre » et illustrés, et leurs petits mots s’ils le souhaitent. Ce sera mon tour de leur écrire…

    Dans le train qui me ramenait le soir à Paris, je me demandais ce qui pourrait bien rester aux enfants de tels moments, microscopiques îlots dans leurs vies, quand dans quelques années Facebook aura fini de dévorer tout leur temps libre. Pas grand chose, rien peut-être. Mais peut-être aussi le désir, le goût des mots. Il suffit de lire par-dessus leur épaule quelques-uns de ces textes pour y trouver la grâce ou la vérité d’une image, l’aveu d’une sensibilité vive, le sens des sonorités… Ce serait dommage que tout cela ne trouve pas à naître. Si nous pouvons être les passeurs, -les entr’ouvreurs ?- c’est déjà beaucoup.

    Merci, un grand merci à tous les enfants, dont je reproduis ici quelques dessins (j'aurais voulu les mettre tous !) en résonance des quatre textes qu'ils avaient choisi : Adam, Albane, Chloé, Jeanne, Jérémy, Martin, Orlane, Ornella, Zekya, et aussi  Eve, Robin, Jade, Enzo, Océane, Kizzy, Melvyn, Bryan, Alexis, Sophia, Michaël, Séréna et Luiset merci à Jean-Marc de m’avoir associée à ce magnifique projet.


    Les abeilles s’emparent sans trace

    du cœur des fleurs


    il est temps de se rêver nomade délivrée


    remplie d’errance

     réconciliée

    n’appartenir qu’au chemin marcher à

    se perdre se retrouver dans l’éblouissement

    poursuite du soleil

    sourire

    à l’instant parfait


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    où jeter nos filets

    …. hors de portée des étoiles que craignons nous ? qu’un éclat nous parvienne et nous fasse trembler ? nous sommes trop loin de la mer il reste les vagues celles des jours qui tanguent roulent mais la mer demeure et son ciel où jeter nos filets

     


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    la silente

    n’être qu’une silente façonnée de lenteur & de silence on parle trop -si peu- on craint le silence comme une foudre à la hâte il faut l’occuper

     le distraire l’étouffer il pourrait nous surprendre on va si vite pour se rendre nulle part voies infinies d’une fugue à jamais inachevée


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    il arrive que les arbres parlent

    la nuit palabres sans fin

    les branches à trembler et

    à l’unisson les bêtes errantes

    répondent

    la lune

    dans les yeux


    il arrive que les arbres crient

    la nuit histoires de chemins

    perdus d’oiseaux

    de nuit

    herbes racines écorces mêlées & la danse des korrigans

    sur un cercle invisible



    il arrive que les arbres chantent

    la nuit dressés tendus

    obstinés

    à psalmodier des litanies

    obscures

    antiennes secrètes &

    dans l’ombre en guettent

    l’écho


    il arrive que les arbres rêvent

    la nuit ils rêvent

    du jour à venir

    d’un ciel vif

    de lacs endormis

     

    transparents


    il arrive que les arbres dorment

    la nuit c’est le silence

    un silence cristal

    dénudé léger

    comme une abeille &

    ils l’offrent


    à

    celui qui passe


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