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Par gaellejosse le 22 Juin 2010 à 11:41
Bois flottants
Textes : Gaëlle Josse, dessins : Véronique Soriano
Paru dans la revue N4728, n°18, juin 2010
1
les yeux fermés Ipod
aux doigts
mais quelles musiques écoutent donc
les gens ?
c’est secret comme
une prière
les voix qui nous consolent
et
nous
nus à l’os
2
quand on dit c’est la vie
il y a un embarras une épine un caillou misère
un dérapage quelque
inattendu
coup de vent sur la tour Eiffel en allumettes
& les soupirs qui vont avec
et nos mains
qui n’ont pas de prise
3
assise
au milieu
des jours glissants
jachère incertaine
très
recommencer ?
4
face à face avec l’écran
miroir
yeux brûlés
une tasse vide un reste de tartine
& les mots dans leur lent sédiment
la voix se pose mais
il est tard
on verra
demain/enregistrer les modifications ?
5
pensées passantes
images déroulantes
projections privées
tant antérieures
demeurent
au ventre à la peau
ligature au sang
6
si peu de place pour déplier
le regard la ville
multiplie ses verticales empilages
plafonds/corps/meubles/objets et le reste
le peu de place qui demeure pour
nos pensées
bois flottants au fil
de nos cours d’eaux intérieurs
leurs affluents inapprivoisés
7
on habite une langue
une
poignée de mots
qui sans cesse reviennent
nos océans
8
c’est gris c’est bureau
c’est train c’est métro
et je ne suis sûre de rien
désir d’une voix cicatrisante
9
les pierres ont veillé des siècles
de prière
murmures reçus bouches tremblantes
mots en dépôt
que le vent emmène
qui que vous soyez pitié
pitié du cœur désaccordé
des hommes
je cherche un lieu un arbre
une pierre
où poser ce qui me transperce
10
veiller
le jour habiter
la page
embranchements allers venues retours ratures fausses
routes
entre quelques esquives
et déjà entre chien et loup
11
dissoudre la fatigue n’ai pas trouvé
la recette
dormir ?
impatience d’un lendemain
habitable
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